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La revolución y los amigos de Durruti. Recension de Daniel Campione
avec sa version française

La révolution et les amis de Durruti

Recension du livre de Miguel Amoros
Los amigos de Durruti en la revolución española
paru en Argentine en 2021

La traduction en français :
Par les giménologues
3 mars 2022

16 février 2022
Un livre récemment publié dans notre pays nous rapproche de l’itinéraire et du programme politique d’un groupement anarchiste radical. Les débats à son sujet, en pleine guerre civile espagnole, contiennent des questions qui suscitent encore aujourd’hui des controverses dans les milieux de gauche.
Miquel Amorós
Los amigos de Durruti en la revolución española
Buenos Aires. Libros de Anarres. Collection Utopie libertaire. 2021.
286 pages.

LA REVOLUTION ET LES AMIS DE DURRUTI

« Nous devons utiliser nos activités pour empêcher que la révolution ne soit perdue. Il vaut mieux mourir en révolutionnaire, et donc en homme, qu’en témoin lâche de notre défaite ».
Propos de J. Santana Calero, un dirigeant du groupe anarchiste qui donne son titre au livre.

Ce n’était pas un « détail ».
Dans l’historiographie de la guerre d’Espagne, la plupart du temps seules quelques lignes sont consacrées à « Los amigos... ». Et seulement sur les événements de mai 1937 à Barcelone.
Ce sont précisément ces événements, les comportements adoptés et leur interprétation qui ont constitué un axe pour ce groupe libertaire. Des milliers de travailleurs de Barcelone, menés par les anarchistes les plus « extrêmes » et par le communisme de gauche, ont pris les armes face à une provocation délibérée.
Dans l’esprit des « durrutistes », le combat de rue avait été gagné, et la victoire trahie par les directions politiques et syndicales de l’anarchisme, qui ne voulaient pas de ce triomphe.
D’éminents anarchistes, tels Juan García Oliver et Federica Montseny, alors ministres du gouvernement de la République, furent qualifiés par eux de défaitistes et même de traîtres. Ils auraient été responsables du dévoiement final de la victoire face au soulèvement militaire dans les rues de Barcelone en juillet 1936.
Vu depuis le mois de mai de l’année suivante, et même après, le 19 juillet fut perçu comme une occasion révolutionnaire perdue. Dès lors, dans la perception des courants les plus radicaux, tout allait dans le sens de l’intronisation d’un pouvoir contre-révolutionnaire et de la suppression progressive des acquis de la révolution.
La régression ne s’arrêta qu’avec l’inexorable victoire des troupes de Francisco Franco au début du mois d’avril 1939.
Les actions du groupe ne s’arrêtent pas là, mais se poursuivent tout au long de la guerre, à la recherche d’un nouveau tournant révolutionnaire qui ne viendra jamais.
L’organisation était minoritaire mais pas sans importance. Son influence s’étendait aux sections des Jeunesses Libertaires et à certains syndicats. Ils jouissaient également d’un certain prestige car ils étaient placés sous le patronage de Buenaventura Durruti, leader libertaire tombé lors de la défense de Madrid, dont la renommée en tant que héros était unanime.
En consacrant l’intégralité de l’ouvrage aux « Amis... », Amorós nous montre dans les moindres détails le développement de l’action et, surtout, de la pensée de cette organisation au cours des deux années de son engagement, jusqu’à la chute de la République.

Une histoire engagée
Miquel Amorós a une grande expérience de l’historiographie de l’anarchisme espagnol, à laquelle il a déjà consacré plusieurs ouvrages.
Tout au long de son oeuvre, l’historien s’appuie davantage sur la reproduction de manifestes, d’articles de journaux et d’autres documents que sur de longues élaborations de sa propre initiative sur les événements et les débats qui ont suivi.
Ses commentaires servent à contextualiser les documents ou fragments qu’il reproduit, en les reliant à la série d’événements et aux positions des autres forces politiques.
L’auteur ne cherche pas à faire preuve de distance et encore moins de « neutralité ». Sa position est claire : du côté de l’intransigeance révolutionnaire. En outre, dans un passage, il déclare : « Le tournant de l’anarchisme espagnol en faveur de l’État, du patriotisme et du militarisme a été le fait politique le plus important de la guerre civile ».
Cette déclaration peut sembler exagérée, mais elle s’articule bien avec l’opinion d’Amorós selon laquelle la défaite n’était pas prédéterminée. Au contraire, c’est la direction anarchiste qui aurait gâché la possibilité certaine de faire la guerre et la révolution en même temps, et de là, de vaincre les rebelles et la vaste coalition locale et internationale qui les soutenait.
Les « Amis de Durruti » étaient favorables à la prise en charge de larges compétences par les syndicats et les municipalités. Et ils rejetaient la voie défaitiste prise par la république, qu’ils considéraient comme favorable à la petite bourgeoisie et manipulée par les communistes, dont ils étaient de farouches détracteurs.
Ils étaient également opposés à la militarisation, et à la participation des membres de la CNT et de la FAI aux organes gouvernementaux. Ils s’opposèrent farouchement à l’option « collaboratrice » prise par les directions anarcho-syndicalistes, tant au niveau national qu’au niveau de la régionale catalane.
Ces dernières réagirent à leur tour en les désavouant puis en les expulsant. Et le gouvernement les censura et les persécuta, presque au même moment où se déclenchait la répression brutale contre le Partido Obrero de Unificación Marxista (POUM).
Au-delà de ce que l’on peut approuver ou non, ce récit peut constituer une contribution captivante aux débats entre ceux qui considéraient la guerre comme indissociable de la révolution et ceux qui reportaient cette dernière à un avenir incertain. Dans le cas de « Los amigos... », cela était lié à la condamnation de l’autoritarisme et de la bureaucratisation.

L’organe de presse du groupe.
A l’époque, il encourageait le débat entre ceux qui tenaient la socialisation complète des moyens de production comme le seul contenu possible de la révolution et d’autres courants qui privilégiaient des étapes intermédiaires, avec la survie, provisoire ou définitive, de la propriété privée et des relations marchandes. Ce qui conduisait à poser le prolétariat comme seul sujet révolutionnaire dans le premier cas, et à une large alliance de classes dans la seconde option.

Penser la révolution
La lecture de cet ouvrage peut conduire à des réflexions qui vont bien au-delà de la révolution espagnole et engendrent des polémiques jusqu’à aujourd’hui.
Nous y trouvons des questionnements sur la participation de révolutionnaires à un gouvernement qui ne l’est pas, avec les possibilités de bureaucratisation et de cooptation que cela implique. Et aussi des investigations minutieuses sur la préservation de l’autonomie des organisations de base face aux pressions centralisatrices et en faveur d’une direction unifiée.
De telles élaborations conduisent à s’interroger sur le rôle de la machine étatique et sur la possibilité de construire un pouvoir politique dirigé par les dépossédés afin de mettre un terme définitif à l’exploitation.
Le problème de la projection politique des syndicats se pose également. La « forme parti » et ses possibilités de remplacement par d’autres organisations à structure plus horizontale et un plus grand contrôle de la direction par la base sont remises en question.
La liberté des organisations locales ou de base de critiquer, et les tendances du sommet de l’organisation à la restreindre occupent également une place importante.
Et les réflexions sur la nécessité de posséder des armes et sur l’exercice de la violence physique pour mener à bien un processus révolutionnaire ne manquent pas.
L’un des aspects présents tout au long de l’ouvrage est la tendance à remplacer l’évaluation correcte du rapport de force par une approche figée, qui les voit toujours comme défavorables et, de surcroît, inamovibles.
Plus de trois quarts de siècle après les événements relatés, et malgré les grands changements intervenus depuis, les dilemmes qui traversent cette œuvre et ont donné vie à la révolution espagnole sont toujours d’actualité. Le débat d’alors, comme celui d’aujourd’hui, portait sur la manière de mettre fin au capitalisme et sur le système social à mettre en place pour le remplacer. Et aussi sur la nécessité ou pas de considérer l’auto-organisation et l’autogouvernement des masses comme un élément irremplaçable du véritable changement révolutionnaire.

Daniel Campione

Original en espagnol :
La revolución y los amigos de Durruti Por Daniel Campione
https://tramas.ar/2022/02/16/los-amigos-de-durruti/?fbclid=IwAR2MQJ6Jvuuev7TNO0rxi_P2w8M6CxdMGZfBNysfD5pAWVYm0zlcGEmuCNs

16 Febrero de 2022

Un libro de reciente publicación en nuestro país nos acerca al itinerario y el programa político de una agrupación anarquista radical. Los debates en torno a ella, en plena guerra civil española, comprenden temas que aún hoy provocan polémica en los ámbitos de izquierda.

Miquel Amorós
Los amigos de Durruti en la revolución española
Buenos Aires. Libros de Anarres. Colección Utopía Libertaria. 2021.
286 páginas

“Hay que emplear nuestras actividades en evitar que la revolución se pierda. Más vale morir siendo revolucionarios, y por ende hombres, que no testigos acobardados de nuestra derrota.”

Son palabras de J. Santana Calero, un dirigente de la agrupación anarquista que da título al libro.
No fue un “detalle”.
En las historias generales de la guerra de España, con frecuencia sólo se dedican unas pocas líneas a “Los amigos…”. Y únicamente a propósito de los sucesos de mayo de 1937 en Barcelona.
Justamente esos hechos, las conductas en ellos desplegadas y su interpretación constituyeron un eje para esta agrupación libertaria. Miles de trabajadores barceloneses, conducidos por los anarquistas más “extremos” y por el comunismo de izquierda se alzaron en armas después de una intencionada provocación.
En el entendimiento de los “durrrutistas”, la lucha de calles había sido ganada. Y la victoria traicionada por las conducciones políticas y sindicales del anarquismo, que no querían ese triunfo.
Grandes próceres ácratas, como Juan García Oliver y Federica Montseny, a la sazón ministros del gobierno de la república, fueron tildados por ellos de derrotistas y hasta de traidores. Habrían sido los culpables de que se terminara de malversar la victoria frente a la sublevación militar en las calles de Barcelona en julio de 1936.
El 19 de julio, visto desde el mirador de mayo del año siguiente y aún después, era percibido como una oportunidad revolucionaria perdida. A partir de allí, en la percepción de las corrientes más radicales, todo marchó en el sentido de la entronización de un poder contrarrevolucionario y la paulatina supresión de las conquistas de la revolución.
La regresión no iría a detenerse hasta hacer inexorable que las tropas de Francisco Franco vencieran, ya a principios de abril de 1939.
La actuación de la agrupación no termina allí, sino que sigue a todo lo largo de la guerra, en la búsqueda de un nuevo viraje revolucionario que nunca llegó.
La organización era minoritaria pero no irrelevante. Su influencia se extendía a sectores de las Juventudes Libertarias y también a algunos sindicatos. Los prestigiaba además estar puestos bajo la advocación de Buenaventura Durruti, dirigente libertario caído en la defensa de Madrid, cuya estimación como héroe era unánime.

Al dedicarle la obra entera a los “Amigos…”, Amorós nos muestra en forma minuciosa el desarrollo de la acción y sobre todo del pensamiento de esa organización a lo largo de los dos años en que se desenvuelve su actuación, hasta la caída de la República.
Una historia comprometida
Miquel Amorós tiene una vasta experiencia en la historiografía sobre el anarquismo español, al que le ha dedicado ya varios libros.
A lo largo de la obra el historiador confía más en la reproducción de manifiestos, artículos periodísticos y otros documentos que en hacer prolongadas elaboraciones propias sobre los sucesos y los debates sobre ellos que se suceden.
Los comentarios que hace sirven para contextualizar a los documentos o fragmentos que reproduce, poniéndolos en relación con la línea de sucesos y con las posiciones de otras fuerzas políticas.
El autor no trata de mostrar distanciamiento y menos “neutralidad”. Su toma de posición es clara : Al lado de la intransigencia revolucionaria. Más aún, en un pasaje enuncia : “El giro del anarquismo español hacia el Estado, el patriotismo y el militarismo fue el hecho político más relevante de la Guerra Civil.”
La anterior afirmación puede parecer exagerada, pero articula bien con la visión de Amorós acerca de que la derrota no estaba predeterminada. Al contrario, habría sido la conducción anarquista la que malgastó la posibilidad cierta de hacer la guerra y la revolución al mismo tiempo, y a partir de allí vencer a los sublevados y a la vasta coalición local e internacional que los respaldaba.
“Los amigos de Durruti” eran partidarios de la asunción de amplias facultades por parte de los sindicatos y los municipios. Y rechazaban el derrotero que había tomado la república, al que percibían como favorecedor de la pequeña burguesía y manipulado por los comunistas, de los que eran feroces críticos.
Asimismo eran contrarios a la militarización. Y a la participación de miembros de la CNT y la FAI en órganos de gobierno. Y supieron ser acerbos impugnadores de la postura “colaboradora” de las direcciones anarcosindicalistas, tanto la nacional como la de la regional catalana.
Éstas les respondieron a su turno con la desautorización y luego expulsándolos. Y desde el gobierno los hicieron objeto de censuras y persecuciones, casi al mismo tiempo que se desataba la brutal represión hacia el Partido Obrero de Unificación Marxista (POUM)
Más allá de lo que se pueda compartir o no, el recorrido puede ser un atractivo aporte acerca de los debates entre quienes consideraban inescindible la guerra de la revolución y los que posponían esta última para un futuro incierto. Lo que se conectaba en el caso de “Los amigos…” con la condena de los que se visualizaban como rasgos de imposición desde arriba y burocratización.
El órgano de prensa de la agrupación.
Alentaba por entonces el debate entre los que entendían la socialización completa de los medios de producción como único contenido posible de la revolución y otras corrientes que propiciaban estadios intermedios, con supervivencia, provisoria o definitiva, de la propiedad privada y las relaciones de mercado. Lo que llevaba al rol excluyente del proletariado como sujeto revolucionario en el primer caso y a una amplia alianza de clases en la segunda opción.

Pensar la revolución
La lectura de esta obra puede llevar a reflexiones que van bastante más allá de la revolución española y que generan polémicas hasta hoy.
Nos encontramos con cuestionamientos a la participación de revolucionarios en un gobierno que no lo es, con las posibilidades de burocratización y cooptación que ello acarrea. También con disquisiciones acerca de la preservación de la autonomía de las organizaciones de base frente a las presiones centralizadoras y en pro de una dirección unificada.
Tales elaboraciones llevan a los interrogantes con respecto al papel de la maquinaria estatal y la posibilidad de construcción de un poder político dirigido por los desposeídos, para terminar para siempre con la explotación.
Asimismo aparece la problemática de la proyección política de los sindicatos. Es puesta en tela de juicio la “forma partido” y sus posibilidades de reemplazo por otras organizaciones de estructura más horizontal y mayor control desde abajo de la dirección.
La posible libertad de crítica de organizaciones locales o de base y las tendencias de la cúspide organizacional a restringirla ocupa asimismo un lugar importante.
Y no faltan las reflexiones en torno a la necesidad de la posesión de las armas y el ejercicio de la violencia física para llevar al triunfo un proceso revolucionario.
Uno de los aspectos presentes a lo largo del trabajo es el de la tendencia al reemplazo de la adecuada evaluación de las relaciones de fuerzas por un enfoque cristalizado, que siempre las ve como desfavorables y, por añadidura, inamovibles.
A más de tres cuartos de siglo de los acontecimientos narrados y pese a los grandes cambios experimentados desde entonces, los dilemas que recorren esta obra y dieron vida a la revolución española mantienen su vigencia. Se discutía entonces, como hoy, en torno a de qué manera terminar con el capitalismo y con qué sistema social reemplazarlo.
Y alrededor de la consideración o no de la autoorganización y autogobierno de las masas como elemento irreemplazable de un genuino cambio revolucionario.

Daniel Campione