Nous reprenons la rédaction des biographies de chacun des 117 ex-combattants italiens (anarchistes ou pas) dont le nom se trouve sur la liste « Libertá o Morte » du camp d’Argelès sur Mer, dressée par la police politique italienne le 8 août 1939.
Cela s’inscrit dans le cadre de notre collaboration à la base de données sur le camp de concentration d’Argelès-sur-Mer réalisée par Grégory TUBAN, de Perpignan : http://www.memorial-argeles.eu/fr/
https://www.memorial-argeles.eu/fr/1939/1939-2eme-periode-du-camp-avril-juin-1939/le-camp-des-brigadistes.html
Toutes les notices sont le fruit d’un travail de recherche en collaboration avec Tobia Imperato de Turin et Rolf Dupuy de Paris.
La traduction et la rédaction sont réalisées par Jackie, giménologue.
CORAI RUGGERO
Ruggero Corai, fils de Giovanni Maria et Bombena Pasqua, est né le 12 mars 1888 à Pordenone. Il est électricien. Il est domicilié à via Borgo Campagna 10, Pordenone avec son épouse Fiorina Moi et leur quatre enfants.
Corai émigre en France en 1930, et en octobre 1936, à l’âge de quarante-huit ans, il part pour l’Espagne. Il envoie régulièrement des mandats à sa famille restée à Pordenone par l’intermédiaire du Secours Rouge. Il s’engage d’abord dans la formation Picelli, puis dans le bataillon et la Brigade Garibaldi. Il combat sur de nombreux fronts, à Mirabueno, Majadahonda et Arganda. Lors de la formation de la Brigade Garibaldi, Corai est attaché au 4ème Bataillon et combat à Huesca, Brunete et Saragosse, en Estrémadure, à Caspe et sur l’Ebre en 1938.
En 1939, Il rentre en France. Interné au camp d’Argelès, il rejoint le groupe Libertà o Morte, puis il est envoyé aux camps de Gurs et de St. Cyprien. Il est ensuite placé dans les compagnies des travailleurs étrangers.
À Dunkerque, il est arrêté par les Allemands, interné dans un camp où il parvient à s’échapper et se rend en Hollande et en Belgique jusqu’à la fin de la guerre. Après la guerre, il retourne en France et s’y installe pendant de nombreuses années. Il rentre ensuite en Italie et séjourne à Pasiano di Pordenone.
Sources :
http://www.antifascistispagna.it/?page_id=758&ricerca=1506
La Guerra di Spagna attraverso gli articoli e le lettere degli antifascisti e dei garibaldini del Pordenonese , a cura di Gian Luigi Bettoli, Pordedone, 2008, pp. 63-65.
Dans une lettre manuscrite ,issue des archives russes, Ruggero Corai semble être impliqué dans le projet de fabrication d’un engin explosif :
http://sovdoc.rusarchives.ru/Final_s/KOMINT00881/DIR0010/IMG0018.JPG
http://sovdoc.rusarchives.ru/Final_s/KOMINT00881/DIR0010/IMG0019.JPG
http://sovdoc.rusarchives.ru/Final_s/KOMINT00881/DIR0010/IMG0020.JPG
Extraits traduits de la lettre manuscrite :
Lettre du 17 /09/1938
Camarades
Puisque j’ai été invité il y a quelques jours pour une consultation sur le projet que j’élabore, dont vous êtes déjà au courant,
Et qu’il ne m’a pas été possible de vous rencontrer, ce que je souhaitais tant pour cette entreprise.
J’ai donc décidé de vous envoyer une note aujourd’hui pour vous donner une idée approximative des qualités de l’engin en question. En premier lieu, il n’est pas fini.
Ensuite je n’ai pas assez de matériel à ma disposition pour terminer, c’est pourquoi on ne peut pas dire comment il fonctionne.
• Il est construit en fer et de telle manière que toute sa puissance explosive soit lancée contre le véhicule. J’avais discuté de ce problème avec vous et j’avais répondu à vos questions je ne connais pas tout, et comment la guerre moderne entraîne des difficultés non prévues, de sorte qu’une seule personne ne peut pas les résoudre. En considérant tout, je serais très content de collaborer avec vous, tout comme il y a beaucoup de types de chars, plus ou moins lourds et plus ou moins invincibles.
• il doit être en matière explosive qui fonctionne en une seule fois.
• que l’on puisse charger de matière explosive et en même temps de liquide inflammable, de sorte d’exploser et incendier en même temps et que le véhicule s’arrête immédiatement.
• Comment doit-on le mettre
• Le transporter facilement sans danger en cas de nécessité
• Avec ce système où l’homme qui lance et transporte ne soit pas en danger pendant son travail
• La bombe dont il s’agit perd de son efficacité si elle est mise en diagonale
• Elle est construite de telle manière que lorsque l’humidité rentre elle provoque l’explosion.
Pour ce qui est des autres particularités nous en parlerons quand je serai là.
Je termine avec l’espoir qu’en temps voulu, je serai en votre présence pour discuter de ce travail qui me tient tant à cœur.
En attendant, salutations antifascistes,
Le camarade
Corai Ruggero
Les Giménologues 17 septembre 2022.