Nous avons déjà parlé de ce collectif et du travail qu’il accomplit dans un précédent article sur la presse digitalisée. [1]
Nous continuons à relayer son appel pour la traduction de textes.
Les giménologues 28 septembre 2015
Le Collectif Anarchiste de Traduction et de Scannerisation de Caen (et d’ailleurs) a été fondé en janvier 2011 à l’initiative d’un anar caennais (ma pomme) qui avait déjà une expérience de traduction militante, de l’anglais et de l’espagnol vers le français. Les premières réunions locales rassemblèrent pas mal de libertaires intéressé-e-s par le projet. Le temps passant, fallait s’y attendre, je me retrouvais comme le dernier des… mohicans… même si quelques textes furent tout de même traduits par des camarades caennais.
Heureusement, avec les premières traductions publiées sur le site, un certain nombre d’inconnu-e-s se manifestèrent par mail pour aider au travail de traduction. Comme il fallait, là encore, s’y attendre, beaucoup n’envoyèrent jamais les traductions qu’ils ou elles avaient choisi dans la liste touffue qui leur était proposée. Mais certain-e-s tinrent parole et envoyèrent le texte qu’ils-elles avaient sélectionné. Certain-e-s, assez rares, en redemandèrent même et envoyèrent au final plusieurs textes traduits, parfois assez longs et assez difficiles. Qu’ils et elles en soient une nouvelle fois remercié-e-s. Sans eux et elles, le sentiment d’isolement aurait été plus décourageant, la charge de travail plus pesante et la liste des textes traduits moins riche.
Après avoir publié pendant 2 ou 3 ans de manière intensive surtout des textes assez courts ou de taille moyenne (10-15 pages), le rythme s’est ralenti, à la fois parce que je reste le principal traducteur et que ma disponibilité est parfois faible, parce que la traduction de 3 ouvrages d’Agustin Guillamon sur la révolution espagnole (Les Comités de Défense de la CNT à Barcelone aux éditions du Coquelicot en 2014, Espagne 1937, Josep Rebull, la voie révolutionnaire aux éditions Spartacus également en 2014 et, à paraître quand un éditeur aura été trouvé, un volumineux Les Amis de Durruti, histoire et anthologie de texte) a pris pas mal de temps et d’énergie et parce que la cinquantaine de textes « en stock », qui restent à traduire, sont désormais assez longs (souvent plus de 20 pages, parfois 30 ou 40) et nécessitent du temps.
Cependant, même s’il reste encore pas mal de textes à traduire et que cela prendra encore un paquet d’années avant d’en voir le bout, le CATS a déjà en bonne partie atteint les quelques objectifs affichés à sa création.
1°- Rendre accessible, directement en français, en téléchargement et usage libre, de nombreux textes sur des pans méconnus de l’histoire du mouvement révolutionnaire international (qu’il soit de tendance anarchiste, communiste de conseils, autonome, syndicaliste révolutionnaire etc…). Le CATS a cherché à travailler prioritairement sur des sujets sur lesquels rien ou presque n’existe en français, parce que les différences de langue et/ou l’éloignement des sources d’archives rendent difficiles l’écriture militante et/ou universitaire.
2°- Rompre avec une vision politique et historique centrée sur l’Europe occidentale en mettant en avant des textes concernant des épisodes subversifs ayant eu lieu dans des pays plus lointains : de l’Est européen, d’Amérique centrale et du Sud, d’Asie, d’Amérique du Nord, Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud… Ce qui pose souvent en filigrane les questions de l’introduction des théories et pratiques révolutionnaires dans ces pays et de l’adaptation de celles-ci à des contextes culturels et sociaux parfois très différents de leurs pays d’origine. Traduire des textes étrangers permet aussi de faire ressortir parfois certaines approches auxquelles on est peu habitué-e-s en France, alors qu’elles sont bien plus communes dans le monde anglo-saxon, comme, par exemple, des études historiques centrées sur des approches en terme de genre et/ou de « race ».
3°- Mettre en avant, à travers de nombreux textes sur une multitude de mouvements subversifs dans tout un tas de pays, à différentes époques, certes des différences, mais aussi certaines récurrences, tout aussi instructives, autour des questions de l’organisation, de l’éducation populaire subversive, de la culture radicale, de l’insertion sociale des mouvements subversifs, de la solidarité internationaliste, de la violence révolutionnaire et de la répression… Des questions générales auxquelles tout mouvement révolutionnaire se trouve confronté, en tout temps et en tout lieu, même si les formes et les contextes varient.
Bref, si vous ne connaissez pas encore le site et si votre curiosité est titillée, vous pouvez aller explorer sur internet les quelques 150 textes traduits qui s’y trouvent déjà, ici : http://ablogm.com/cats/
Une nouvelle série de traductions devrait être publiées en juin sur des sujets aussi divers que l’expérience démocratique actuelle au Kurdistan syrien, des épisodes peu connus de la révolution espagnole, la participation syndicaliste révolutionnaire à la résistance antinazie en Pologne, l’anarchisme en Chine, la participation d’organisateurs noirs aux IWW américains et les rapports qu’entretenait le mouvement radical noir des années 20 avec ces mêmes IWW… Et si vous avez du temps, de la patience, des connaissances en anglais et/ou en espagnol et l’envie d’apporter votre pierre à l’édifice collectif, n’hésitez pas à prendre contact à l’adresse suivante : catscaenATvoila.fr
Il reste des tas de textes sur l’anarchisme latino-américain et chinois, les branches australienne, néo-zélandaises et sud-africaines des IWW, la participation des femmes aux luttes pour les droits civiques aux USA et en Afrique du sud et aux combats révolutionnaires mondiaux du début des années 20, les fractions syndicalistes révolutionnaires au sein du républicanisme irlandais, le mouvement antifasciste anglais, l’opéraïsme italien… Y a encore du bon pain sur la planche…