Les Giménologues à Bruxelles [1]
Conférence – débat
LES ANARCHISTES PENDANT LA GUERRE D’ESPAGNE
Le vendredi 13 janvier à 20h15
Introduction : Jean Vogel
à l’invitation du collectif à l’UPJB [2] et en collaboration avec l’INSTITUT LIEBMAN
…remise à deux des « giménologues-avant-l’heure » dans les années 80 par Stéphane Huvenne, militant libertaire de la cause antifranquiste en Belgique, et dès la fin des années cinquante, membre actif de la section bruxelloise de la SIA (Solidarité internationale antifasciste), chargée notamment de l’accueil et du soutien aux réfugiés politiques [3].
C’est le précieux contenu de cette mallette qui a fait de nous des chercheurs compulsifs en matière de volontaires internationaux dans les colonnes anarchistes espagnoles.
On y trouva des numéros (en un seul exemplaire) de journaux anarchistes parus dans toute l’Espagne républicaine en 1936-1938, tel El Frente, porte-voix de la 26° Division Durruti, Titan !, des Jeunesses Libertaires d’Aragon, et bien d’autres très peu connus, ainsi que des numéros de L’Espagne antifasciste ou de L’Espagne Nouvelle.
Et aussi trois grandes photos ramenées du front d’Aragon, prises après deux batailles victorieuses auxquelles participa le Groupe international à la fin septembre 1936 : Siétamo et Le Monte Aragon.
Monte Aragon
Enfin et surtout, la malle aux trésors recelait le n°12-13 de l’été 1956 de la revue suisse Témoins, intitulé « Fidélité à l’Espagne ». L’article « Refus de la légende [4] » de Louis Mercier nous a permis de faire le rapprochement avec le Charles Ridel, co-confondateur à Pina de Ebro (Aragon) du Groupe International de la colonne Durruti, que nous a fait connaître Antoine Gimenez.
Ridel, Mercier, Mercier Vega, … autant de pseudos utilisés par l’anarchiste Charles Cortvrint né le 6 mai 1914 à Lièges, et qui sera à l’honneur en cette soirée.
Fin 1939, Ridel se rendit en Belgique, chez Hem Day, avant d’embarquer à Anvers pour l’Amérique du Sud.
On suppose que Stéphane tenait justement ces documents de Marcel DIEU (30/05/1902 – 14/08/1969) dit Hem DAY. « Ce libraire, franc-maçon, militant anarchiste depuis la première guerre mondiale collabora à de nombreuses revues durant toute l’entre-deux-guerres et finit par créer la sienne « Pensée et Action » pour y diffuser sa propagande anti-communiste, anti-fasciste et pacifiste. […]
Durant la guerre d’Espagne, il partit à Barcelone œuvrer à la propagande révolutionnaire anarchiste, de manière pacifique et non-violente. De retour en Belgique, il se consacra entièrement à la propagande, continua ses publications et fit jusqu’à sa mort de nombreuses conférences. [5] »
Parmi les anarchistes belges en relation directe avec ceux d’Espagne il faut aussi citer Jean DE BOË (20/03/1889 – 02/01/1974), typographe [6] . En 1937, il passa aussi les Pyrénées. En 1939, il adopta deux fillettes des Asturies dont le père avait été fusillé par les franquistes.
Quant à Nicolas Lazarévitch et Ida Mett, avec Hem Day, ils soutiendront et relaieront inlassablement depuis Bruxelles le processus révolutionnaire en Espagne.
Tout ceci pour rappeler que la Belgique de l’entre-deux-guerres fut une terre d’exil, et que les militants anarchistes belges de cette génération accueillirent et aidèrent de nombreuses personnes dans la semi clandestinité : des militants anarchistes italiens et espagnols (dont Ascaso et Durruti), des Allemands, des Juifs, des objecteurs de conscience, des anarchistes néo-malthusiens...
À Bruxelles en ce 13 janvier, nous évoquerons aussi l’anarcho-syndicaliste Roger Madrid, grand ami de « Ridel ». Lors de la guerre d’Espagne, il a traversé la France en bicyclette pour soutenir les Espagnols et s’est engagé dans une coopérative.
Et nous reviendrions sur le parcours et la personnalité de quelques-uns des volontaires internationaux, hommes et femmes qu’Antoine Gimenez nous a fait connaître. Nous projetterons des photos que nous avons trouvées aux archives, ou que nous ont données les familles de certains d’entre eux, rencontrés après la parution en 2006 de la première édition des Fils de la nuit.
Notre deuxième ouvrage, paru en 2016, est également tissé de témoignages à la première personne, car nous avons eu la chance incroyable de rencontrer des protagonistes ou témoins directs entre 2006 et 2008 :
A Zaragoza o al Charco ! Récits de protagonistes libertaires. Aragon 1936-1938 (en co-édition avec L’Insomniaque).
Nous y avons consacré un chapitre sur le processus révolutionnaire mené au nom du communisme libertaire dans les campagnes aragonaises.
Car en ce 80e anniversaire de la révolution espagnole, il s’agit encore et toujours de tisser le fil continu qui nous relie à l’intense guerre sociale du début du XXe siècle, et qui fit de cette contrée la seule en Europe où s’engagea une lutte frontale contre le capitalisme, le fascisme et le communisme autoritaire.
Les Giménologues, 4 janvier 2017.