Nous reprenons la rédaction des biographies de chacun des ex combattants italiens (anarchistes ou pas) dont le nom se trouve sur la liste « Libertá o Morte » du camp d’Argelès sur Mer, dressée par la police politique italienne le 8 août 1939.
Cela s’inscrit dans le cadre de notre collaboration à la base de données sur le camp de concentration d’Argelès-sur-Mer, réalisée par Grégory TUBAN, de Perpignan : http://www.memorial-argeles.eu/fr/
https://www.memorial-argeles.eu/fr/1939/1939-2eme-periode-du-camp-avril-juin-1939/le-camp-des-brigadistes.html
Toutes les notices sont le fruit d’un travail de recherche en collaboration avec Tobia Imperato de Turin et Rolf Dupuy de Paris.
La traduction et la rédaction sont réalisées par Jackie, giménologue.
BELLON Bruno
Bruno BELLON, fils de Giuseppe et de Maria Bordin, est né le 20 avril 1913 à Caldogno (Vicenza). Il est classé comme « communiste » au CPC.
Il est aide cuisinier (et ouvrier agricole, selon certaines sources). Il vit à San Remo depuis 1932. En 1935, il part travailler en France comme tant d’autres. On le retrouve à Milano le 27 ou 28 juillet 1936, puis à Como. Il s’expatrie clandestinement en France en octobre. Il y est soutenu économiquement par un groupe d’antifascistes qui lui suggèrent d’aller en Espagne (selon ses propres dires à la police en 1941).
Il passe les Pyrénées et s’enrôle dans le Bataillon Garibaldi, et le 20 novembre 1936, il participe à plusieurs combats à Madrid. Il intègre ensuite la XXIIè Brigade Internationale Garibaldi.
En octobre 1938, il se retrouve au centre de démobilisation des internationaux de Torellò. Il y restera jusqu’au 1er janvier 1939.
Entré en France, il est interné dans le camp d’Argelès où il adhère au groupe « Libertà o morte ». Il s’évade du camp et part à Paris, puis à Bruxelles. Après deux mois de prison à Bruxelles, il retourne à Paris où il est arrêté pour absence de papiers d’identité. Il est à nouveau interné au camp d’Argelès d’où il s’évade encore et part en Espagne.
Arrêté et ne voulant pas retourner en France, il demande au Consulat italien de Barcelone de le rapatrier. Il est arrêté à Gênes le 23 septembre 1941 à la descente du paquebot « Derna » en provenance de Barcelone. Le 16 janvier 1942 il est condamné à 5 ans de prison et confiné à Ventotene.
Le 24 mars 1943 sa peine est commuée en « avertissement » et il retourne à San Remo en avril 1943. Il est appelé à Padoue le 2 juin 1943 pour effectuer son service militaire dans le district militaire, et il reste sous surveillance. Mais le 8 septembre, il réussit à s’enfuir et à rejoindre San Remo. Il se perd dans la nature les mois suivants.
Sources :
http://www.antifascistispagna.it/?page_id=758&ricerca=401http://www.antifascistispagna.it/?page_id=1843&ricerca=1724
Insmli, Fondo Archvio AICVAS, Busta 2, Fasc. 11
FRANCESCO BIGA, Compañeros – Imperiesi e Albenganesi nelle Brigate
Internazionali in Spagna, Dominici Editore, Imperia , 1999.
Document joint :
http://sovdoc.rusarchives.ru/Final_s/KOMINT00879/DIR0001/IMG0081.JPGhttp://sovdoc.rusarchives.ru/Final_...
Traduction du commentaire du stalinien Pavanin, qui rédigeait pour le Komintern les fiches de tous les combattants des BI qu’il avait pu observer. Ici, comme à son habitude, il cherchait à dénigrer (selon ses propres critères simplistes) le comportement des combattants liés de près ou de loin aux anarchistes, ou non-affiliés au PC, et ce d’autant plus s’ils exprimaient ouvertement une critique du fonctionnement des Brigades Internationales :
« En se basant aussi sur des documents existants sur lui nous pensons que ce Bruno Bellon ne c’est pas bien comporté en Espagne. Il n’a pris part à aucun combat. Il ne s’intéresse politiquement à rien. Son attitude a toujours été celui d’un insouciant. Pour lui, il suffisait de vivre et de bien manger : il critiquait de manière négative les instances des Brigades Internationales en particulier le service d’intendance et de la cuisine de son unité. Conclusion Bellon en Espagne a montré les caractéristiques du vagabond et du lumpenprolétariat. »
Pavanin 31/01/1940
Pietro Pavanin : délégué politique du PCI et combattant antifasciste. Il sera aussi interné au Camp d’Argelès. Il réussit à partir en URSS où il participe à la défense de Moscou. En 1946 il rentre en Italie où il poursuit son activité politique au PCI. (www.antifacistispagna.it/)
Les Giménologues, 20 avril 2020