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CANALE Aurelio

En médaillon : photo de Pietro Pavanin, correspondant italien du Komintern dans les BI

Nous reprenons la rédaction des biographies de chacun des 117 ex-combattants italiens (anarchistes ou pas) dont le nom se trouve sur la liste « Libertá o Morte » du camp d’Argelès sur Mer, dressée par la police politique italienne le 8 août 1939.
Cela s’inscrit dans le cadre de notre collaboration à la base de données sur le camp de concentration d’Argelès-sur-Mer, réalisée par Grégory TUBAN, de Perpignan :

http://www.memorial-argeles.eu/fr/
https://www.memorial-argeles.eu/fr/1939/1939-2eme-periode-du-camp-avril-juin-1939/le-camp-des-brigadistes.html

Toutes les notices sont le fruit d’un travail de recherche en collaboration avec Tobia Imperato de Turin et Rolf Dupuy de Paris.

La traduction et la rédaction sont réalisées par Jackie, giménologue.

CANALE Aurelio

Aurelio CANALE, fils de Giobatta et de Casazza Arcangela est né le 19 novembre 1909 à Gênes. Il est docker. C’est un militant antifasciste et, selon les sources, un anarchiste. En mars 1936 il s’exile en France. Il part de Marseille le 18 octobre 1936 à destination de l’Espagne.

Il s’enrôle dans la compagnie italienne du bataillon Dimitrov appartenant à la XVème Brigade Internationale commandée par Carlo Penchienati – qui est en fait un fasciste infiltré.
Après les combats de Jarama, Canale est transféré avec les survivants de la compagnie dans le Bataillon Garibaldi, puis, en mai 1937, au 3ème Bataillon de la XIIème Brigade Internationale.
Après la démobilisation des Brigades, il séjourne au camp d’Ametlla de Mar d’où il s’enfuit, et il sera considéré comme déserteur. On le retrouve ensuite cantonné au camp de Torelló (Catalogne) en novembre 1938.

Passé en France lors de la Retirada, on l’interne au camp d’Argelès où il fait partie du groupe Libertà o Morte ; puis on le transfère au camp de Gurs. Arrêté par les nazis pendant l’Occupation, il est déporté à Gusen (Mauthausen) où il meurt le 10 janvier 1942 .

Plusieurs notes dépréciatives émanant du Parti communiste espagnol furent rédigées sur Aurelio Canale :
Celle de novembre 1938 est une fiche rédigée par le « Comité dirigeant de la XIIème Brigade Internationale », à partir de données fournies par le SIM (Servicio de Información Militar). La consigne retenue est de le rapatrier. Sa participation à la « vie politique » et sa conduite comme soldat ou simplement personnelle sont qualifiées de « mauvaises » et « immorales ». Il est en conséquence signalé au comité central comme « mauvais antifasciste ».

Parmi les données éparses, une le signale comme « arrivé en Espagne le premier février 1937 ».

La fiche du désormais connu Pavanin renseignant le Komintern nous éclaire tout autant sur le rédacteur qui pratique dénigrement, raisonnement binaire et tranchant (cf. l’original en annexes) :

"CANALE AURELIO
Très mauvais élément. Son comportement a toujours été très suspect. Perturbateur par excellence. Pendant la dernière opération (septembre 1938, Secteur Sierra Caballos) son comportement fut encore pire. Appartenant à la Compagnie Zappatori de la Brigade, pendant la nuit alors que les soldats travaillaient, lui il se cachait ; et quand il n’y avait pas de commandement, il en profitait pour semer la panique parmi les soldats et souvent il donnait des “ordres” – selon lui venus du commandement – de ne plus continuer à fortifier ce lieu mais de le faire ailleurs sur une autre ligne. Ainsi il démoralisait des hommes qui ne s’affrontaient pas assez à l’ennemi à cause des mouvements continuels inutiles. Il faisait perdre du temps, en un mot : il “sabotait” le travail de fortification face à l’ennemi.
Pendant son séjour dans le camp de démobilisation d’AMETLLA DE MAR il s’est enfui du camp et a été donné comme DESERTEUR. Dans le camp de TORELLO son comportement a été très négatif. On le soupçonne de vols à l’encontre des camarades.
Ces derniers jours, il s’est inscrit à la F.A.I. Il a demandé à rester en Espagne. De notre côté nous sommes contre sa permanence en Espagne et nous sommes d’avis de l’expulser comme “INDESIRABLE” ».

« Des documents existants il ressort qu’il est un représentant du Lumpenprolétariat, susceptible d’actions contre le mouvement antifasciste. Tel fut son comportement en Espagne, et dans le camp de Gurs en mai 1939. »
Pavanin, 23 février 1940.

Source : Archivio di stato russo di storia sociale e politica (RGASPI (Brigate internazionali dell’Esercito repubblicano spagnolo) - fondo 545, fasc. Op. 6 D 512. (et fasc. Op. 6 D 491) Estremi cronologici : 01/02/1937 - 31/01/1940.

Sources générales :
 Dictionnaire des militants anarchistes : http://militants-anarchistes.info/spip.php?article5975
 Franco Bertolucci, (A cura di), Gli anarchici italiani deportati in Germania durante il Secondo conflitto mondiale, in A rivista anarchica, n. 415, 2017, p. 84, 85.
 http://www.antifascistispagna.it/?page_id=758&ricerca=994

Source de la photo en médaillon de Pietro Pavanin : https://m.facebook.com/105986882877067/photos/pavanin-pietro-archivio-centrale-dello-stato-casellario-politico-centrale-b-3789/439463776196041/

Les Gimenologues, 5 novembre 2020


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