Organisée par la librairie coopérative le Cheval dans l’arbre de Céret, suite à la proposition de Jean Calens de l’association VUPP, Villelongue dels Monts
Communiqué des invitants
Les Giménologues sont un petit collectif d’amis devenus historiens amateurs en se dédiant à partir de 2004 à la publication des Souvenirs de la guerre d’Espagne d’Antoine Gimenez.
Suivent, ensuite, d’autres patientes recherches des Giménologues, qui font apparaître des pans entiers largement méconnus de l’histoire récente.
Dans les récits retrouvés et l’attention portée aux documents oubliés surgissent des portraits d’hommes et de femmes engagés et généreux. Ces libertaires convaincus sont le coeur de la révolution sociale dés les combats de1936 et en amont. Ces anonymes, ces exclus de l’histoire officielle, ont appartenu pour beaucoup d’entre eux au Groupe International de la colonne Durruti.
Pour François Godicheau, dans sa préface des Fils de la nuit, les travaux des Giménologues s’inscrivent dans le refus de croire et de faire croire, dans l’aversion pour le confort du mythe.
Myrtille Gonzalbo, co-fondatrice des Giménologues, présentera et commentera ces passionnantes investigations, enrichies de projections d’archives et suivies d’échanges avec l’assistance.
La librairie proposera les ouvrages suivants des Giménologues :
Les fils de la nuit (Libertalia)
A zaragoza o al charco (L’Insomniaque)
Les chemins du communisme libertaire ( en 3 tomes, Divergences).
Un apéritif-tapas organisé par les bénévoles du Cheval dans L’arbre et l’association VUPP sera offert à l’assemblée.
CF. PDF en doc joint
Invitation à une plongée dans un siècle d’anticapitalisme avec les anarchistes et les anarchosyndicalistes espagnols : audaces et autolimitations
L’Espagne est le seul pays où le projet communiste libertaire est resté vivant, pendant des décennies, porté par des centaines de milliers de prolétaires foncièrement anticapitalistes, antifascistes et ennemis du communisme autoritaire. Et il s’expérimenta en 1936 un an durant en Aragon, fait inédit dans l’Histoire. Ce processus a été pendant longtemps soigneusement omis, trafiqué, calomnié par la plupart des historiens – réactionnaires, libéraux et staliniens.
Nous avons voulu mettre à disposition un matériau et des débats internes peu connus, y compris chez des libertaires, car les militants espagnols impliqués à un niveau important de responsabilités – ils ont même été ministres en 1936-1937 – n’ont pas établi de bilan après la guerre. Et pour cause, certains d’entre eux avaient des comptes à rendre en terme "d’autolimitation" :
« En Espagne, il y avait une grande masse qui voulait la révolution, et des minorités qualifiées de dirigeantes, parmi lesquelles nous-mêmes, qui non seulement […] n’ont pas rendu possible cet objectif, mais qui lui ont coupé les ailes de toutes les façons possibles. »
Abad de Santillán en août 1938
Malgré le non-aboutissement de cette tentative révolutionnaire, il est stimulant de se plonger en des temps où le capitalisme était appréhendé et combattu pour ce qu’il est : un moment de l’histoire où l’énergie humaine est devenue une marchandise avec la généralisation du salariat, et ce dans une violence extrême.
La socialisation par le travail est au coeur des rapports sociaux capitalistes mis en place au XIX siècle en dissolvant de toutes les manières possibles les structures sociales pratiquant un « en-commun » horizontal et solidaire : les anciennes communautés rurales ou les communautés ouvrières organisées, souvent par quartiers.
Pour que le travailleur trouve les conditions objectives du travail données comme séparées de lui, comme capital, et pour que le capitaliste trouve le travailleur dépouillé de toute propriété, dans l’état de travailleur abstrait, l’échange tel qu’il se produit entre la valeur et le travail vivant suppose un procès historique – bien que le capital et le travail salarié reproduisent eux-mêmes ce rapport et l’élaborent à la fois dans toute son extension objective et en profondeur – procès historique qui, comme nous l’avons vu, constitue l’histoire de la genèse du capital et du travail salarié.
Marx Gründrisse, 1857.
Nous rappelons que sous le capitalisme, le travail n’a pas pour fin de produire des biens utiles à tous mais de valoriser le capital, dont la seule priorité est de se reproduire sans fin.
Les Giménologues 31 mars 2022.