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Les Gimenologues
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Lyon. 6 et 7 octobre 2006.

A la librairie la Plume Noire. Vendredi et Samedi à 20:30.

Réservations vivement recommandées
au 04.72.00.94.10
de préférence pendant les heures d’ouvertures de la librairie :
du mercredi au Vendredi de 17h à 19h
le samedi de 15h à 19h.

Les souvenirs d’Antoine Gimenez sont un document de première main sur la naissance et l’activité des colonnes anarchistes durant la guerre et la révolution espagnole, et tout particulièrement de ces unités de franc-tireurs que l’on appelait alors les « Fils de la Nuit ». Il y évoque les combats, les collectivisations, la solidarité, les fêtes, l’amour libre mais aussi la contre révolution stalinienne et la défaite.

Antonio Gimenez (1910-1982), d’origine italienne, a combattu dans la colonne Durruti avec le Groupe International. Son témoignage sans fard nous restitue de juillet 1936 à février 1939 toute la difficulté de cet énorme bouleversement social qui tente de se maintenir et de s’affirmer au sein des collectivités locales ou dans les organisations de combattants, tout en s’opposant aux franquistes, aux communistes ou à ses propres hésitations.

Gimenez ne nous cache ni les insuffisances ni les masques sanglants de cette révolution. Des exécutions sommaires par des " spécialistes " anarchistes de l’épuration dans les villages libérés aux compromissions de la C.N.T. avec le gouvernement de Largo Caballero et de Negrìn et Prieto, Gimenez décrit la désagrégation de la révolution sous la poussée éradicatrice du gouvernement central de Madrid, de la Généralité de Barcelone et des aléas de la guerre en cours.

Cela nous le savions. Il existe en effet beaucoup de témoignages et de documents sur l’action des communistes contre les anarchistes ou même sur les collectivisations des terres en Aragon et en Catalogne . On sait l’impact que les décisions de la CNT-FAI ont eu dans la légalisation des collectivisations, légalisation qui vida de sa substance vivante le processus révolutionnaire en cours. Gimenez nous décrit l’organisation des villages agraires, la participation des brigades de volontaires aux travaux des collectivités paysannes et l’extraordinaire sens de la solidarité qui se développait alors entre villageois ou paysans.

L’apport du témoignage de Antonio Gimenez, s’il tient à son extraordinaire liberté de ton envers la CNT et la réalité de la guerre, nous montre toute la densité du vécu d’un combattant anarchiste. Il en restitue la vraie saveur de la dimension individuelle en dehors de tout discours plaqué.

Il sait restituer les horreurs de la guerre sur le front. Et fait important, il n’oublie pas de parler de la présence des miliciennes dont l’historiographie officielle a trop souvent nié l’importance considérable et omis de mentionner le courage comme la passion amoureuse qui les unissaient à leurs compagnons y compris sur le front d’Aragon.

Antonio Gimenez rend un superbe hommage, non seulement comme amoureux mais en tant que révolutionnaire, à ces miliciennes engagées volontaires dans le groupe international et à ces femmes espagnoles rencontrées dans les circonstances de la guerre, pendant toutes ses années de lutte. Amoureux, complice, toujours ému et respectueux, il nous donne la preuve que la vie et la lutte passent toujours par le désir et la passion. Et qu’il est vain de dissocier les objectifs du désir dés lors qu’ils sont librement acceptés par chaque partenaire.

L’insurrection anarchiste encourageait l’émancipation des femmes, souhaitait l’égalité de fait entre les sexes, sollicitait l’autonomie individuelle, une vie sexuelle assumée, le libre choix de son compagnon ou de sa compagne, la fin des rites matrimoniaux, des alliances arrangées. Gimenez nous montre que ce ne furent pas seulement des mots dans l’Espagne de 36.

Les femmes prennent, dans le témoignage de Gimenez leur vraie place, celle qui leur revenait de droit, qu’elles ont conquis par leur courage et leurs volontés, celle de combattantes à part entière, de compagnes libres. Il montre bien comment les mentalités des hommes comme des femmes se sont métamorphosées en quelques années de lutte dans des régions comme l’Aragon pourtant très dépendantes de la tradition et de l’église.

Il faut citer également ses descriptions du courage des volontaires internationaux. Leur abnégation face aux difficultés, au manque d’armes et au peu de moyens des colonnes anarchistes. Quotidien de misère des combattants, volonté et pragmatisme, fatigue et hasard, chance ou malchance, Gimenez nous montre tout l’arbitraire d’une situation qui s’avère le contraire du romantisme révolutionnaire.

Tiré de : rebellyon.info