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Lorenzo GIUA

« Souvenirs de Renzo » Un beau portrait de Lorenzo GIUA

trouvé dans le livre d’Ursula Hirschmann, « Nous sans patrie », traduit de l’Italien « Noi sensa patria », Il Mulino, Bologna, 1993.
Traduction, préface et notes de Marie Gaille .

Ursula, née en 1913, et son frère Albert étaient issus d’une famille juive berlinoise. Ils militèrent au sein de l’organisation de jeunesse du Parti social-démocrate allemand. Il se réfugièrent en 1933 en France et tous les deux continuèrent leurs études à Paris.
Ursula fréquentait des militants antifascistes italiens et la communauté antinazie, et c’est chez le militant socialiste Angelo Tasca qu’elle fit la connaissance de Lorenzo Giua, au printemps 1935 :

Souvenirs d’Ursula
Lorenzo GIUA

Voici un autre genre de portrait de Lorenzo Giua, établi à partir des notes de la police politique de Rome [archives ACS-CPC]. Extraits de documents traduits par nos soins. Les remarques entre crochets sont le fait des Giménologues.

« Lorenzo GIUA, dit Renzo Giua, né de Michele (dit Lino) et Clara Collini

Mention « MORTO 1938

Pseudonymes : FRANCHI Franco [et autres prénoms], Bittis ».

Notice biographique établie par la préfecture de Turin le 30 août 1932 :

né à Milan le 13 mars 1914, résidant 42 via Sacchi, célibataire, étudiant. Antifasciste. Taille : 1,66. Corpulence : moyenne. Cheveux : couleur châtain clair ; forme lisses ; densité épais. Visage : forme ovale ; dimension long. Front : forme rectiligne ; saillie haute. Sourcils : forme droite ; couleur châtain. Yeux : forme régulière ; dimension petits ; couleur marron foncé. Nez : forme rectiligne ; dimension long. Oreilles : forme triangulaire ; dimension moyennes. Moustaches : forme rasées. Barbe : densité rasée. Mâchoires : droites. Menton : curviligne. Bouche : forme horizontale ; dimension grande. Cou : longueur moyenne ; grosseur moyenne. Épaules : tombantes. Jambes : normales. Mains : régulières. Pieds : réguliers. Silhouette : régulière. Expression physionomique : sérieuse. Habillement habituel : décent.

Giua Renzo manifeste une conduite morale régulière. Il vit en famille, envers laquelle il se comporte bien. Il est doté d’une culture moyenne supérieure, ayant suivi la classe de terminale. Il est capable de donner une conférence, mais on ne sait pas s’il en a tenue. Il n’a jamais endossé de charges administratives ou politiques et il n’a pas de titre académique. Envers les autorités, il conserve une attitude respectueuse.

En janvier dernier, on l’a dénoncé, et il a été mis en état d’arrestation par le Tribunal Spécial pour la défense de l’État pour propagande subversive et participation à la secte « Giustizia e Libertà ». Mais, par la sentence en date du 29 avril dernier, il a été acquitté pour absence de preuve. Un tel acquittement n’exclut pas que Giua soit un individu socialement dangereux, spécialement en ce qui regarde le prosélytisme en faveur des idées antifascistes, que celui-ci tente de mettre en oeuvre dans la recherche de ses collègues et connaissances. De ce fait, pour couper court à toute éventuelle reprise d’activités subversives, le susdit a été déféré à la Commission Provinciale locale, qui, par l’arrêté du 20 juin dernier, l’a soumis aux contraintes de l’avertissement.
Turin, 30 août 1932.
P.C.C. Le Commissaire de la P. S.

03-1934 : fuite à Paris, où il étudie, encore en 1935.

08-09-1934 : notice. Mario Levi [82415] habite à Paris avec R. G. dans un local de « Giustizia e Libertà ». en compagnie de Mario de Domenico (communiste membre de « Giustizia e Libertà »).

17-04-1935 : seconde notice « fiduciaria » [sans doute un informateur infiltré]. Réunion du groupe « Giustizia e Libertà » à Lyon : 7 personnes présentes : Magini, R. G., Carlo Rosselli, Zuddas [qui mourra aussi en Espagne], Bondi et 2 autres. R. G. écrit dans « Giustizia e Libertà » sous le pseudonyme de « Bittis ».

25-07-1935 : notice. A eu lieu à Paris le 21-25/06/1935 un Congrès international des écrivains révolutionnaires. R. G. y est intervenu, comme Carlo Rosselli, Mario Pistocchi, Nicola Chiaramonte, Leonardo Martini, Carlo Sforza et Gaetano Salvemini. Une déclaration signée de Guglielmo Ferrero et Gina Lombroso est lue.

06-07-1936 : notice. Il n’est pas établi qu’il a donné sa démission de « Giustizia e Libertà », ni qu’il ait manifesté des tendances anarchistes.

25-07-1936 : Ciccio [Francesco] Barbieri, R. G. et Sereno [en fait Sereni Giuseppe] sont partis pour l’Espagne.

28-07-1936 : Information de la fille de Chiostergi, selon laquelle R. G. est en Espagne « fin dalla settimana scorsa ».

20-08-1936 : Lettre de Renzo à sa mère, envoyée de Bujaraloz (timbre)

09-09-1936 : notice. Chiaramonte dit qu’il va rester au moins un mois en Espagne et cherchera à retrouver Giua Renzo, qui n’a pas donné de nouvelles depuis 15 jours, sauf une simple carte signalant qu’il partait de Barcelone pour le front.

01-10-1936 : Lettre à sa mère, envoyée d’Ostende (timbre)

15-12-1936 : notice. Un informateur nous dit que Giua Renzo, blessé serait mort dans un hôpital de Catalogne. Cette nouvelle n’a pas encore été confirmée.

19-12-1936 : notice. Retour de R. G. en Espagne au début novembre.

02-01-1937 : Lettre de Renzo à sa mère envoyée de Genève (timbre)

31-03-1937 : notice. Il doit se trouver en Espagne et plus précisément dans la zone de Teruel.

15-06-1937 : notice. En mars, il quitte Genève pour rejoindre Saint Cergues les Voirons (Hte Savoie) dans une pension. Maintenant, il est reparti en Espagne.

30-11-1937 : [Liste des officiers de la Brigade « Garibaldi » tombée dans les mains de la police italienne. Giua y apparaît comme capitaine du 2ème Bataillon].

01-12-1937 : notice. Après un séjour au sanatorium pour blessure, il aurait à nouveau rejoint la ligne de front.

08-12-1937 : notice de la Préfecture de Turin. Blessé pour la troisième fois en combattant dans les milices rouges espagnoles ; après une période de convalescence à Castellon de la Plana, il serait retourné sur la ligne de front.

05-03-1938 : télégramme de la police signalant la possibilité que Giua rentre clandestinement en Italie pour y commettre des actes inconsidérés.

[Deux notices sur sa mort paraissent dans Giustizia e Libertà n° 10 du 11-03-1938 et dans Il nuovo avanti n° 11 du 12-03-1938 : Renzo est mort au cours d’une attaque dans la nuit du 16 au 17 février 1938, en Extremadura, après avoir remplacé le commandant du bataillon, tombé avant lui. Il serait mort atteint d’une balle à l’abdomen. Il était alors commandant, avec grade de capitaine, de la 3ème Compagnie du 2ème Bataillon de la Brigade « Garibaldi »].

Plusieurs notes de police entre 06-1938 et 09-1938 demandent de retirer son nom des listes de recherche, puisqu’il est mort.

Le 6-8-1938, la mère et la sœur de Lorenzo obtiennent un passeport pour aller en France voir le corps de Lorenzo.

Les Giménologues 22 janvier 2010.


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